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le nom d’Œcologie. Plus récemment encore, Ray Lankester a proposé celui de Bionomie qui a eu quelque succès, surtout en Angleterre. Quel que soit le nom sous lequel on la désigne, la Physiologie externe offre un intérêt capital, et nulle partie des sciences biologiques n’est plus digne de fixer l’attention du naturaliste observateur aussi bien que du philosophe[1].

Il suffit d’ailleurs de parcourir les recueils bibliographiques modernes pour se rendre compte de l’importance qu’ont prise dans ces dernières années les recherches éthologiques[2].

La seule question des rapports des fleurs avec les animaux, et plus spécialement avec les Insectes, dans les phénomènes de fécondation directe et croisée, avait donné lieu, au 1er janvier 1904, à la publication de 3 792 mémoires et notes diverses. Et pour en résumer sommairement les résultats principaux, le Dr Paul Knuth a fait paraître successivement trois volumes grand in-8o de plus de 500 pages chacun, en se limitant aux plantes européennes seulement. Depuis, un supplément en deux volumes consacrés aux plantes exotiques vient d’être mis au jour, grâce aux efforts combinés de Ernest Loew et Otto Appel[3].

  1. E. Wasmann trouve que l’expression Œcologie n’est pas satisfaisante parce qu’elle signifie seulement science de la maison. (Die moderne Biologie und die Entwicklungstheorie 1904). F. von Wagner observe justement (l. c., p. 694) que le grec οἶκος veut dire aussi tout ce qui concerne l’économie domestique et qu’ainsi compris le terme choisi par Haeckel est certainement plus expressif que celui de Bionomie préféré par Wasmann sous prétexte qu’il traduit dans le langage le plus adéquat les lois de la physiologie externe des organismes. Mais à cet égard le mot Éthologie (science des mœurs), qui d’ailleurs a la priorité, semble infiniment plus clair et plus approprié, et mérite toutes les préférences.
  2. Ce n’est pas sans un grand étonnement qu’on constate la profonde ignorance de certains esprits à culture littéraire très développée quand ils sortent quelque peu des limites de leur spécialité. Un sociologue doué d’une certaine originalité, mais dont l’érudition n’est pas toujours sûre et dont la pensée aurait gagné souvent à être exprimée sous une forme moins diffuse et avec plus de précision, Gabriel Tarde, a proposé sérieusement, en 1903, de créer sous le nom d’interphysiologie ou interbiologie une science nouvelle, sans se douter que cette science existait depuis un demi-siècle au moins et que le programme qu’il en traçait était depuis longtemps dépassé par les biologistes. Certaines idées de Tarde, notamment celles qu’il émet relativement à l’interphysiologie des faunes et des flores, montrent d’ailleurs combien légèrement il s’était aventuré sur un terrain qui ne lui était pas familier, et où, pensant innover, il ne faisait que suivre très imparfaitement et de très loin les méthodes des naturalistes. Voir G. Tarde, L’interpsychologie. Bull. de l’Inst. général psychol., 3e année, no 2, juin 1903, p. 11-14.
  3. Knuth (P.), Handbuch der Blütenbiologie. Leipzig, W. Engelmann, 1898-1904.