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survienne une modification de l’autre, par une réaction inévitable. Aussi l’étude de l’influence du milieu sur l’être organisé vivant et de celle de l’être sur le milieu sont-elles liées l’une à l’autre. Cette branche de la Biologie, dont on peut prévoir l’importance en se rappelant les travaux de William Edwards, n’a pourtant été étudiée comme partie distincte que par M. de Blainville qui n’a pu que l’ébaucher. C’est sur elle qu’est en grande partie fondé l’art de conserver la santé, l’Hygiène, et cependant elle n’a depuis lors jamais été envisagée méthodiquement ; aussi les matières qu’elle doit comprendre sont-elles éparses dans les livres où elles ne devraient figurer qu’à titre d’emprunt à la science mère ; le plus souvent même il n’en est pas question. Il est vrai que par la suite, lorsque l’action des agents extérieurs sur les êtres vivants sera plus approfondie, cette science pourra être réunie à la Physiologie dont elle fournirait la première partie. Mais jusqu’à cette époque peu prochaine on ne saurait trop faire ressortir la nécessité d’étudier cette science méthodiquement, sous les divers points de vue qu’elle comporte, chez les végétaux et les animaux isolés ou réunis en masses considérables, etc. »

N’est-il pas curieux de voir l’irréductible adversaire du transformisme que fut Ch. Robin[1] parler ainsi de l’inévitable réaction des organismes sous l’influence des modifications du milieu, et insister si vivement sur l’intérêt de l’étude de ces réactions ?

Bientôt l’observation des mœurs des êtres vivants, de leurs rapports avec le milieu biologique et avec le milieu cosmique, cette Physiologie externe dont les travaux de Réaumur et de de Geer nous ont laissé de si parfaits modèles, prenait à son tour un développement extraordinaire. De Blainville lui avait donné le nom de Zooéthique[2]. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire changea cette désignation en celle d’Éthologie, assez généralement adoptée depuis, et qui a l’avantage de s’appliquer à la fois aux animaux et aux végétaux[3].

Haeckel et les naturalistes allemands ont employé de préférence

  1. Robin (Ch.), Sur la direction de la Société de Biologie. C. R. des séances de la Soc. de Biol. I, 1849, p. IV. — Tout est à lire dans cet admirable discours qui est en quelque sorte la charte constitutionnelle de notre Société de Biologie.
  2. De Blainville, Cours de 1836, recueilli par P. Gervais.
  3. Geoffroy Saint-Hilaire. Hist. nat. génér. des règnes organiques, 1854. C’est donc tout à faire à tort que F. von Wagner attribue à Dahl la paternité de ce mot si expressif. (Zoologisch. Zentralbl., XII, 14 nov. 1905, no 22, p. 694, note 2).