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moderne, profondément égoïste, du travail individuel, se substituera plus tard l’idée altruiste d’une collaboration intentionnelle non seulement entre les travailleurs d’une même génération, mais aussi entre les générations successives ?

Il est consolant de répéter le mot de Pascal : « Toute la suite des hommes doit être considérée comme un même homme qui subsiste toujours et qui apprend continuellement ».

Avant donc que d’accuser une science de stérilité et de la condamner à mort, il convient de se demander si l’on a bien envisagé dans leur vraie position, et dans leurs rapports avec les idées nouvellement acquises d’autre part, les problèmes qu’elle place devant nos yeux.

Si trop longtemps en France on a étudié les mêmes choses, si on a ajouté toujours de nouvelles monographies aux anciennes, de nouveaux faits aux faits accumulés[1], sans grand profit pour la philosophie naturelle, c’est que, malgré les avertissements d’esprits mieux avisés, on s’obstinait dans certains laboratoires à tenir les volets fermés quand, depuis des années déjà, la grande lumière du Darwinisme éclairait le ciel de la Biologie.

Sans doute des monographies poursuivies sans idée directrice, telles que celles de la Tortue par Bojanus, de la chenille du Cossus, par Lyonnet, ou du Hanneton, par Strauss-Durckheim, constamment présentées comme des modèles inimitables par les derniers représentants de l’École de Cuvier, ne pourraient désormais avoir qu’une utilité restreinte et un intérêt des plus médiocres.

Chaque fois que pour la solution d’un problème de Biologie générale on est amené à consulter les travaux de ce genre c’est vainement qu’on y cherche le renseignement désiré. L’auteur a passé sans l’apercevoir à côté du détail intéressant : l’organe rudimentaire lui a échappé ; les homologies n’ont pas été comprises ; l’anatomie non interprétée a perdu toute signification précise. L’œuvre n’est qu’un jeu de patience sans valeur scientifique.

Mais en peut-on dire autant des recherches anatomiques inspirées par la théorie de l’évolution et notamment du magnifique ensemble monographique formé par les innombrables travaux anatomiques dont l’Amphioxus a été l’objet, depuis qu’en 1867 A. Kowalewsky

  1. Delage (Y.), l. c., p. 4 et 5. Je ne fais que résumer ici une pensée longuement développée à l’endroit cité.