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ébauches de l’animalité et de la végétalité, l’état des choses que nous observons maintenant[1].

« Parmi les corps vivants, la nature n’offre donc, à proprement parler, que des individus qui se succèdent les uns aux autres par la génération et qui proviennent les uns des autres. Les espèces parmi eux ne sont que relatives et temporaires[2] ».

Si cette vérité n’est pas plus généralement admise, c’est parce que la chétive durée de l’homme lui permet difficilement d’apercevoir les mutations considérables qui ont lieu à la suite de beaucoup de temps[3].

« L’origine de cette erreur, dit Lamarck, vient de la longue durée, par rapport à nous, du même état de choses dans chaque lieu ».

« Cette apparence de stabilité des choses dans la nature sera toujours prise par le vulgaire des hommes pour la réalité, parce qu’en général on ne juge de tout que relativement à soi[4] ».

Et c’est par des considérations de cette nature que le grand naturaliste est conduit à cette définition de l’espèce, la meilleure peut-être qu’on ait donnée jusqu’aujourd’hui :

« L’espèce est une collection d’individus semblables, que la génération perpétue dans le même état tant que les circonstances de leur situation ne changent pas assez pour faire varier leurs habitudes, leur caractère et leur forme[5] ».

Ainsi la conception moderne de la Biologie est intimement liée par un nexus logique originel à la théorie du transformisme, dont elle est en quelque sorte l’illustration et le résumé.

Toutefois, il serait injuste de ne pas reconnaître que l’idée d’une science générale de la vie avait été préparée, indépendamment de toute vue théorique, par le puissant essor des sciences naturelles et l’important progrès réalisé dans les méthodes d’investigation vers la fin du xviiie siècle et au début du xixe.

  1. Lamarck, Discours de l’an XI, p. 16-18 du texte original, p. 528-530 de la réimpression.
  2. Lamarck, Discours de l’an XI, p. 45 (p. 536 de la réimpression). Discours de 1806, p. 12 (p. 550 de la réimpression) et passim.
  3. Lamarck, Discours de 1806, p. 9 (p. 548 de la réimpression). Voir aussi Recherches sur l’Organ., Appendice, p. 141.
  4. Lamarck, Philosophie zoologique, p. 70.
  5. Lamarck, Discours de l’an XI, p. 45 (p. 536 de la réimpression).