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qui peuvent savoir jusqu’à quel point les espèces, parmi les corps vivants, se fondent les unes dans les autres, et qui ont pu se convaincre que dans les parties où nous voyons des espèces isolées, cela n’est ainsi que parce qu’il nous manque d’autres espèces qui en sont plus voisines et que nous n’avons pas encore recueillies. (Discours de l’an XI, p. 534 de la réimpression).

D’autre part le côté dynamique de l’histoire naturelle le préoccupe non moins vivement :

« Or je compte prouver dans ma Biologie que la nature possède dans ses facultés tout ce qui est nécessaire pour avoir pu produire elle-même ce que nous admirons en elle ; et, à ce sujet, j’entrerai alors dans des détails suffisants qu’ici je suis forcé de supprimer ». (Même Discours, p. 539)[1].

En même temps que Lamarck, le naturaliste allemand Gottfried Reinhold Treviranus employait de son côté le mot Biologie qu’il définissait ainsi :

« La Biologie est l’étude des différentes formes que revêt la vie organique, des conditions et des lois qui président à son existence, des causes qui déterminent son activité »[2].

Malgré ce qu’elle peut avoir d’imprécis, cette définition montre bien que, pour Treviranus comme pour Lamarck, il existe dans la science biologique deux points de vue différents correspondant à d’anciennes divisions dont les contours deviennent chaque jour moins tranchés :

Le point de vue statique qui est celui des sciences morphologiques : Anatomie et Embryogénie descriptives ; Biotaxie, Taxonomie ou Systématique ; Géonémie ou Chorologie, etc. ;

Le point de vue dynamique qui correspond à la Physiologie (interne ou externe) et aux sciences connexes : Mécanique embryonnaire, Psychologie, etc.

Il est intéressant de constater que les deux naturalistes qui eurent les premiers cette conception unitaire très nette de l’ensemble des

  1. Lamarck renvoie ici à une Esquisse d’une philosophie zoologique qui devait se trouver à la fin du Discours de l’an XI et qui n’existe pas dans l’exemplaire du Muséum. Il est probable que la Philosophie zoologique parue en 1809 contient l’exposé des idées que Lamarck voulait développer dans sa Biologie.
  2. Treviranus (Gottfried Reinhold), Biologie oder Philosophie der lebenden Natur, Gœttingen, 1802, 6 vol.