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SUR DES HYBRIDES VÉGÉTAUX.

Les quelques indications que je puis donner ici, montrent que le travail en est encore à ses débuts. J’hésitais bien à parler de recherches à peine commencées ; la conviction que l’exécution des expériences projetées demanderait de nombreuses années et l’incertitude où j’étais de savoir s’il me serait donné de les mener à bonne fin, ont seules pu me déterminer à la communication d’aujourd’hui. Grâce à M. le Directeur Dr Nægeli, de Munich, qui m’a fort aimablement envoyé les espèces me faisant défaut, principalement celles des Alpes, je suis maintenant en mesure de mettre en expérience un plus grand nombre de formes ; j’espère pouvoir, dès l’année prochaine, obtenir quelques faits complétant et confirmant les résultats actuels.

Si, pour terminer, nous comparons ces résultats, évidemment encore très incertains, avec ceux que nous ont fourni des croisements entre différentes formes de Pisum, [que j’ai eu l’honneur de communiquer ici en 1865[1]] nous trouvons, entre eux, des différences très marquées. Chez Pisum, les hybrides qui proviennent directement du croisement de deux formes ont, dans tous les cas, le même type ; leurs descendants, par contre, sont inconstants et varient suivant une loi bien déterminée. Il semble ressortir des expériences faites jusqu’ici, qu’il en est tout le contraire chez Hieracium. Au moment de la discussion des expériences sur Pisum, j’ai indiqué qu’il y a également des hybrides dont les descendants restent invariables, que, par exemple, d’après Wichura, les hybrides de Saules se reproduisent sans modifications, comme des espèces pures ; nous aurions donc, chez Hieracium, un cas analogue. A-t-on le droit, en présence de ce fait, de supposer que la polymorphie des genres Salix et Hieracium soit en relation avec la façon particulière dont se comportent leurs hybrides ? C’est là encore, jusqu’à présent, une question que l’on peut bien soulever, mais à laquelle on ne peut répondre.


Traduction française par A. Chappellier.
  1. Verhandlungen des naturforschenden Vereines in Brünn, Tome IV, p. 3.