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SUR DES HYBRIDES VÉGÉTAUX.

condation, car, même avec la plus grande attention, on peut difficilement éviter, en fendant le tube, de répandre quelques grains de pollen et de les communiquer au stigmate. Jusqu’à présent, l’enlèvement des anthères à une époque moins avancée du développement n’a pas donné de meilleur résultat. Avant l’entrée en maturation du pollen, le style et le stigmate encore très tendres sont, en effet, extraordinairement sensibles à la compression et aux lésions et, même si on ne les a pas abîmés, ils se fanent et se dessèchent ordinairement en peu de temps, dès qu’on les a privés de leurs enveloppes protectrices. J’espère remédier à ce dernier inconvénient en plaçant la plante, pendant deux ou trois jours après l’opération, dans l’atmosphère humide d’une serre. Une expérience faite récemment dans ces conditions, avec H. Auricula, a donné un bon résultat.

Pour indiquer le but en vue duquel ont été entreprises les expériences de fécondation, je me permets de les faire précéder de quelques remarques sur le genre Hieracium. Ce genre possède une si grande richesse de formes indépendantes, qu’aucun autre groupe de plantes ne peut en offrir une semblable. Quelques-unes de ces formes ont des caractères nettement distincts et sont considérées comme formes principales ou espèces, tandis que toutes les autres sont décrites comme formations intermédiaires ou formes de passage qui unissent entre elles les formes principales. La difficulté d’enchaîner et de délimiter ces formes a toujours attiré l’attention des spécialistes. Aucun autre genre n’a suscité autant d’écrits et de discussions passionnées, et l’on n’a pu, jusqu’à présent, arriver à conclure. Il est à prévoir qu’on ne parviendra pas à une entente, tant qu’on méconnaîtra la valeur et la signification des formes intermédiaires ou de passage.

Quant à savoir si la formation d’hybrides concourt à la multiplicité des formes de l’espèce en question et dans quelle proportion, nous trouvons, parmi les principaux botanistes, des opinions très différentes et même totalement contradictoires. Tandis que quelques-uns d’entre eux reconnaissent aux hybrides une influence très étendue, d’autres, Fries par exemple, ne veulent absolument pas entendre parler d’hybrides chez Hieracium. D’autres encore se posent en conciliateurs et, tout en reconnaissant que la formation d’hybrides n’est pas rare chez les plantes sauvages, prétendent cependant qu’on ne doit pas leur accorder une grande importance, parce qu’ils sont