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GREGOR MENDEL.

rences dans la qualité et le groupement des éléments qui sont en échanges vitaux réciproques dans leurs cellules fondamentales.

La validité des lois proposées pour Pisum aurait certainement elle-même besoin de confirmation ; c’est pourquoi, il serait à souhaiter qu’on refît au moins les expériences les plus importantes, par exemple celles sur la nature des cellules sexuelles hybrides. Il peut très bien échapper à l’observateur isolé un élément de différenciation qui, s’il semble insignifiant au début, peut cependant prendre une importance telle que l’on ne puisse le négliger pour le résultat final. De nouvelles expériences permettront seules de déterminer si les hybrides variables d’autres espèces végétales se comportent d’une façon concordante ; on pourrait, toutefois, penser qu’il ne puisse y avoir de différence essentielle sur les points principaux, car l’unité de plan dans le développement de la vie organique est incontestable.

En terminant, il faut encore mentionner spécialement les expériences de Kœlreuter, Gærtner et d’autres observateurs sur la transformation d’une espèce en une autre, par fécondation artificielle. On a attribué une importance toute particulière à ces expériences que Gærtner range parmi « les plus difficiles de toutes en hybridation ».

Si l’on veut transformer une espèce A en une autre B, on les féconde l’une par l’autre ; puis on féconde les hybrides obtenus avec le pollen de B. On choisit alors, parmi les descendants, la forme qui se rapproche le plus de l’espèce B, on la féconde de nouveau par cette dernière ; et ainsi de suite, jusqu’à ce que l’on obtienne une forme qui soit semblable à B et se reproduise sans variation. On a ainsi transformé l’espèce A en l’espèce B. Gærtner a fait, à lui seul, 30 expériences semblables, avec des plantes des genres : Aquilegia, Dianthus, Geum, Lavatera, Lychnis, Malva, Nicotiana, et Oenothera. La durée de la transformation n’était pas la même pour toutes les espèces. Tandis que, pour quelques-unes, il suffisait de 3 fécondations successives, pour d’autres, on devait les répéter 5 ou 6 fois ; et même, des expériences différentes donnèrent des résultats différents pour une même espèce. Gærtner attribue ces différences à ce fait que « la force spécifique, qu’une espèce développe au moment de sa reproduction, en vue de la modification et de la transformation du type maternel, est très différente pour les différents végétaux, et que, par conséquent, la