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GREGOR MENDEL.

hybrides et, d’après Wichura, les hybrides de Saules. Ce fait a une grande importance pour l’histoire du développement des plantes, car des hybrides fixés acquièrent la signification d’espèces nouvelles. L’exactitude du fait est garantie par d’excellents observateurs et ne peut être mise en doute. Gærtner a eu l’occasion de suivre, jusqu’à la 10e génération, Dianthus Armeria-deltoïdes qui se reproduisait de lui-même dans son jardin.

Chez Pisum, des recherches ont montré que les hybrides produisent des cellules ovulaires et polliniques de différentes sortes et que, dans ce fait, se trouve l’explication de la variabilité de leurs descendants. Pour d’autres hybrides également, dont les descendants se comportent de la même façon, nous pouvons supposer une raison analogue ; par contre, pour ceux qui restent constants, il semble possible d’admettre que leurs cellules sexuelles sont de même nature et en concordance avec la cellule hybride fondamentale. D’après des physiologistes connus, il y a, dans la reproduction des phanérogames, fusion d’un couple ovule-pollen en une seule cellule[1] qui, par assimilation et formation de nouvelles cellules, peut donner un organisme indépendant. Ce développement suit strictement une loi basée sur la structure et la disposition des éléments qui ont réussi à constituer dans la cellule un groupement viable. Si les cellules reproductrices sont de même nature et si elles concordent avec la cellule fondamentale de la plante mère, le développement du nouvel individu suivra également les lois qui régissent la plante mère. S’il arrive qu’une cellule ovulaire s’allie avec une cellule pollinique de nature différente, nous devons admettre qu’entre les éléments qui conditionnent les différences réciproques, il se produit une certaine compensation. La cellule intermédiaire qui en résulte devient

  1. Chez Pisum, il y a sans aucun doute, dans la formation du nouvel embryon, union complète des éléments des deux cellules sexuelles. Serait-il, sans cela, possible d’expliquer comment les deux formes souches réapparaissent en nombre égal parmi les descendants des hybrides, et avec toutes leurs particularités ? Si l’ovule n’avait sur la cellule pollinique qu’une action superficielle, si son rôle se réduisait à celui d’une nourrice, toute fécondation artificielle ne pourrait avoir d’autre résultat que de donner un hybride ressemblant exclusivement à la plante mâle, ou très voisin d’elle. C’est ce que nos recherches n’ont, jusqu’ici, confirmé en aucune façon. Nous trouvons évidemment une très forte preuve de l’union complète du contenu des deux cellules, dans cette donnée, confirmée de tous côtés, qu’il est indifférent pour la forme de l’hybride que l’une des deux plantes souches serve de plante femelle ou de plante mâle.