Page:Bulletin biologique de la France et de la Belgique, tome XLI.djvu/387

Cette page a été validée par deux contributeurs.
377
SUR DES HYBRIDES VÉGÉTAUX.

sait que la femelle de cette espèce pond ses œufs dans la fleur en ouvrant la carène. Aux tarses d’un exemplaire qui fut pris dans une fleur, on pouvait très distinctement remarquer à la loupe quelques grains de pollen. Une autre circonstance pourrait, peut-être, favoriser l’intervention d’un pollen étranger : parfois, en effet, bien que rarement, certaines parties des fleurs, pour le reste tout à fait normalement constituées, avortent ; il en résulte une mise à nu partielle des organes de la fécondation. C’est ainsi que l’on a observé un développement imparfait de la carène ; le style et les anthères sont alors en partie à découvert. Il arrive aussi parfois que le pollen n’atteint pas son complet développement. Dans ce cas, le style s’allonge graduellement pendant la floraison et le stigmate arrive à dépasser la pointe de la carène. Cet aspect remarquable a été également observé chez les hybrides de Phaseolus et de Lathyrus.

Le danger d’une adultération par du pollen étranger est cependant très faible chez Pisum ; il ne peut aucunement troubler le résultat dans ses grandes lignes. Sur plus de 10 000 plantes très minutieusement observées, il n’y a eu que quelques cas où une immixtion étrangère n’était pas douteuse. Comme cette perturbation n’a jamais été observée en serre, on peut, très vraisemblablement, supposer que la faute en est à Bruchus pisi et, peut-être aussi, aux anomalies de structure florale déjà citées.



La forme des hybrides.


Les recherches faites les années précédentes sur des plantes d’ornement avaient déjà fourni la preuve que, en règle générale, les hybrides ne tiennent pas exactement le milieu entre les espèces souches. Pour quelques caractères particulièrement frappants, pour ceux, par exemple, qui sont basés sur la forme et la dimension des feuilles, sur la pubescence des différentes parties, etc., on observe presque toujours une forme intermédiaire. Dans d’autres cas, par contre, l’un des deux caractères souches a une telle prépondérance qu’il est difficile ou complètement impossible de retrouver l’autre.

Il en est de même chez les hybrides de Pisum. Chacun des sept caractères hybrides, ou bien s’identifie d’une façon si parfaite à l’un des deux caractères souches que l’autre échappe complètement à l’observation, ou bien lui ressemble tellement que cet autre ne peut être reconnu avec certitude. Ce fait est de grande importance pour