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DU DIOCÈSE DE LYON

Excusez-moi, Messieurs, de vous avoir retracé, dans ce désordre, quelques traits de cette figure ignorée qui est, toute religion à part, celle d’un homme de bien. Ce n’est pas ainsi que l’entend l’Église. Elle l’a canonisé. J’ai sous les yeux le texte des motifs de la canonisation. Il est établi, n’en doutez pas, par des procès irrécusables, qu’on a bien et dûment constaté les trois miracles nécessaires pour qu’il soit reconnu saint : une infirmière en 1844, un professeur en 1866, enfin un enfant de douze ans qui, tous trois, après une neuvaine, ont été guéris, l’un d’une ataxie locomotrice, les autres de maladies nerveuses. Il y avait lieu de le canoniser et il l’a été. C’est une manière d’honorer les Saints, j’en ai une autre. — Et le procès sur l’héroïcité des vertus ? fait remarquer M. l’abbé Gayraud. — Je ne nie pas qu’on en ait parlé, répond M. Buisson.

Cette « autre manière d’honorer les Saint », que le panégyriste fait sienne, est donc celle de l’Église avant d’être celle de M. Buisson. En canonisant J.-B. de la Salle, l’Église n’a point entendu « réparer une erreur » ni réhabiliter un « méconnu », puisque, dès 1724, elle avait approuvé l’Institut des Frères. Elle n’a point voulu davantage récompenser notre Saint d’avoir opéré trois guérisons merveilleuses. Elle a proclamé la sainteté d’un admirable serviteur de Dieu, les vertus héroïques qui ont illustré sa vie, un dévouement pour les enfants du peuple que les socialistes n’égaleront jamais, la reconnaissance que depuis deux cents ans l’Église de France témoignait à l’un de ses plus insignes bienfaiteurs. M. Buisson, au contraire, reprend à son compte, avec un tort plus inexplicable et plus inexcusable que jamais, les injustes procédés de quelques-uns des contemporains de J.-B. de la Salle, et, tout en couronnant de fleurs sa victime, il détruit l’œuvre de « cet homme de bien si en avant de son siècle », de « cet homme admirable » !

E. C.