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où les chemins de fer qui conduisent au Maine gravissent jusqu’à une altitude de deux mille pieds, tandis que le plus haut point atteint par la ligne du Lac St Jean n’est que de 1300 pieds au dessus du niveau de la mer, le lac St-Jean lui-même n’étant que de 300 pieds environ au dessus de ce même niveau. Il ne s’agissait pas d’aborder les montagnes de front et d’y creuser des tunnels, comme au St-Gothard, mais simplement de courir le long de leurs flancs et d’en suivre le cours, quelque sinueux et brusquement changeant qu’il fût. Mais il fallait de l’argent ! oh ! de l’argent ! cela est bien plus difficile à obtenir que de traverser toutes les Laurentides du monde. Il n’y a pas de chaîne de montagnes qui résiste au vil métal, mais il n’y a pas de poitrine d’homme que vous puissiez ouvrir pour en extraire ce même métal, appelé vil par ceux qui n’en ont pas, si vous n’êtes armé de solides et indiscutables garanties. En outre, nos gouvernements sont si pauvres, Ottawa est si sourd et les commissions royales sont si manifestement nécessaires, rapportent tant pour ce qu’elles coûtent, qu’il est impossible de ne pas songer à elles d’abord, à ce grand objet d’utilité publique et de lui sacrifier au moins une vingtaine de milles de chemin de fer ! La région des Laurentides n’en devient que plus inaccessible et les montagnes grandissent de cinq cents pieds, pendant que le trésor public s’aplatit comme une vieille vessie que des enfants piétinent.

C’est cette pauvreté, c’est cette pénurie de nos gouvernements qui est en grande partie la cause de nos préjugés. Une longue suite d’années d’économie nous eût