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LES JEUNES BARBARES

« Mon pauvre vieux était donc mourant. L’ensemble des plus mauvais symptômes (il y tient) existait, jusqu’au hoquet des derniers instants. »

Le hoquet des derniers instants est un symptôme de l’étranglement herniaire ! Oh ! oh ! Quel médecin ! Non seulement il trouve une maladie étrange dans un accident, mais encore il découvre un symptôme nouveau tout spécial de cette maladie, le symptôme « du hoquet des derniers instants ! » Maintenant, quand notre docteur aura découvert que la cessation de la vie est un des symptômes de la mort, sa mission sur la terre sera accomplie… et tous ses patients pourront respirer.

« Je dis au prêtre (Ah ! Il y a donc un prêtre ? On ne l’a pas encore vu. Vous n’en avez pas parlé. Pourquoi nous surprendre à chaque instant ? Mais je m’égare. Les parents du vieux ne sont pas aussi naïfs qu’ils en ont l’air, et leurs convictions, à eux, ne sont pas du tout éreintées. Quand ils ont affaire au docteur C., ils savent bien prendre leurs précautions.)

« Je dis au prêtre de régler d’abord les affaires spirituelles, craignant que mon patient ne meure (ne mourût mon ami, ne mourût) de suite sous mes manipulations (c’était prudent) ; puis je procédai. »

Ce « puis je procédai » a une allure de sublime. C’était de l’héroïsme, cela, docteur, après avoir laissé à votre patient le temps de mourir dix fois, comme vous nous le laissez à nous, lecteurs, de comprendre où vous voulez en venir. Enfin, vous y êtes. Avouez que vous abusez de votre habitude de faire tirer la langue.