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LES JEUNES BARBARES

Maintenant, je vais aller au plus court et signaler rapidement quelques passages cueillis çà et là dans le cours de cet « écrit, » destiné évidemment à émerveiller les aborigènes.

« C’était aussi un croyant, non pas à la façon de ces visionnaires à double pourpoint… »

Hein ! Vous dites ?…

Plus loin, l’auteur parle d’Ernest Tremblay, énigme vivante et caressant des rêves de hautes sphères… Quelle sphère était-il en train de caresser, lui, le « jeune », quand il écrivait son Léon ?

« Je m’attachai sincèrement à ce gros et jovial alsacien blond, à l’âme un peu assombrie par cette pensée désolante qu’on retrouve un peu partout chez ceux que l’exil empoigna jeunes encore ; être incompris, se savoir persécuté et sentir en soi une mer de poésie et d’idéal heurtant ses vagues sans cesse agitées aux récifs multiples des exigences de la vie de chaque jour. »

Dieu du ciel ! qué que c’est qu’ça ?

Il est vrai qu’après le flot qui enserre, on pouvait s’attendre à voir l’exil qui empoigne ; mais c’est égal, c’est trop à la fois. On a bien raison de dire que les Canayens sont toujours maganés.

Voilà bien cependant ce que les gens, qui n’ont jamais été critiqués, s’imaginent être du style ! Comment voulez-vous ? La critique n’existe pas dans ce pays-ci ; il n’y a pas non plus de professeurs de style, et les « jeunes » sont convaincus qu’ils