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LES JEUNES BARBARES

Comment voulez-vous échapper à un gaillard comme celui-là ?

« Je ne suis pas de ceux que la fosse éloigne, que le tombeau fait fuir, que la mort épeurre. »

« Je crains Dieu, cher Abner, et n’ai pas d’autre crainte, » avait dit Joad.

Comparée au saisissant laconisme du Glaneur, la réponse des Gaulois : « Nous ne craignons que la chute du ciel sur nos têtes, » n’est qu’une platitude.

Le « Jeune » enfonce enfin le nommé Bayard, « chevalier sans peur et sans reproche. »

Mais à quel propos dit-il tout cela ? Ah ! c’est pour que tout le monde sache bien que :

« Je suis du nombre des âmes timides, mais anxieuses de savoir le pourquoi des choses et des événements ; et devant la tombe d’une mère chérie ou en face de l’ouverture béante où vient de descendre le corps d’un frère, d’un ami, je m’incline et je songe… »

Prenez garde de tomber, jeune homme. Voulez-vous me faire voir un peu quelle corrélation il peut y avoir entre ces attitudes si imposantes d’abord, puis ces timidités avouées, et la mort de Lorrain ?

Ils ne se doutent de rien, ces « Jeunes, » de même qu’ils n’ont peur de rien.

C’est là ce qu’on appelle prendre des poses pour attirer surtout sur soi-même les regards, sous le prétexte de parler d’un ami.