Page:Buies - Réminiscences, Les jeunes barbares, c1893.djvu/56

Cette page a été validée par deux contributeurs.
56
RÉMINISCENCES

Après une vingtaine de leçons de ce genre, j’avais tout lieu de me croire mûr pour le certificat de deuxième classe et j’osai affronter le regard des examinateurs.

Il n’est pas permis de faire des charges de cette force. Franchement, cela aplatissait les pyramides. Ce fut dans la salle Bonsecours une explosion de rire irrépressible qui, partie de ma compagnie, éclata dans tous les rangs et gagna jusqu’aux officiers eux-mêmes, incapables de contenir ce carambolage de toutes les rates. J’étais engagé dans un mouvement inouï de conversions, à droite, à gauche, au centre, de partout, une moitié de ma compagnie allant d’un côté, l’autre de l’autre, moi courant après les deux, mon petit sergent blond ruisselant de sueur pour avoir essayé de sauver au moins mon certificat, et réduit à se tenir le ventre dans un coin, enfin le commandant général des manœuvres, lord Clinton, arrivé au dernier moment et s’expliquant la déroute générale en entendant mes « right about » désordonnés, mes « right wheel » et mes « left wheel » se heurtant les uns contre les autres, et obligé lui-même de capituler devant ce chaos et de faire rompre les rangs à tout le monde, pour que l’école, ce jour-là, ne se déshonorât pas à jamais devant la postérité.

C’était là le fruit de tant de courageux efforts !