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RÉMINISCENCES

Sur ces entrefaites nous apprîmes que le gouvernement devait fonder des écoles militaires, afin de former des officiers pour la milice. Les aspirants devaient suivre un cours d’exercices pendant environ trois mois, au bout duquel ils subiraient un examen de deuxième, puis de première classe. On offrait cinquante dollars à quiconque obtiendrait son certificat de deuxième et cinquante dollars de plus à celui qui remporterait le certificat de première classe. Oh ! Ce fut une prime offerte à bien des nobles ambitions. Elle réveilla en moi des instincts militaires latents. Je résolus de concourir tout au moins pour le certificat de deuxième classe. Je me fis inscrire à l’école militaire qui venait de s’ouvrir au marché Bonsecours et j’endossai la tunique rouge.




Les premiers exercices furent inénarrables. Les trois quarts des candidats à peu près étaient aussi déterminés que moi à se couvrir de gloire. On nous apprit d’abord à faire le salut et à nous tenir droits comme des flûtes, les bras collés aux côtes, ou à les mouvoir dans une cadence rigide, comme ceux des pantins les plus perfectionnés. Il fallait nous voir dans les rues, préparant notre attitude et notre salut militaire du plus loin que nous apercevions le profil d’un officier de l’armée anglaise ! Ceux-ci nous le rendaient avec une grâce souriante et une toute