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RÉMINISCENCES

moment à l’autre entre les États-Unis et la Grande-Bretagne, par suite de l’attitude partiale de celle-ci, ils songèrent à nous discipliner à leur image et à faire germer en nous une sorte d’esprit militaire, par l’organisation sur un nouveau pied et par la régularisation des milices nationales. De là la création des écoles militaires de « cadets. »

Oh ! Parlons-en, des écoles militaires. Il n’y eut rien de plus réjouissant à l’origine ; je leur dois quelques-uns des jours les plus amusants de ma vie. Aussi ne veux-je pas les déprécier ; au contraire, je voudrais les immortaliser en quelques paragraphes, s’il y avait moyen de faire passer à la postérité une seule ligne écrite en français, dans ce pays où tout ce qui est français semble frappé d’un ostracisme ou d’un dédain irrémédiable. Il y a à cela bien des causes de toute espèce, causes compliquées et qui s’aggravent tellement tous les jours, que beaucoup d’esprits excellents commencent à croire que nous nous débattons en vain pour prolonger une illusion, et qu’au lieu de courir à la poursuite des réalités, nous nous attardons à embrasser des chimères et nous complaisons à vivre dans l’ombre avec des ombres.

Combien je suis heureux, lorsque je pense à l’état toujours déclinant de notre nationalité, de revenir à mes réminiscences personnelles ! Je me console de notre amoindrissement et des dédains qu’il nous faut subir en me reportant vers ma jeunesse, vers cet âge heureux où l’on ne tient compte d’aucune réalité et où l’on s’imagine posséder l’avenir, parce que l’on possède le