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RÉMINISCENCES

, et dans de gros livres, des livres plus gros encore que ceux qui contiennent les décisions du Conseil Souverain ! Avec cette différence que les nôtres coûtaient beaucoup moins cher et qu’ils étaient beaucoup plus lus ; ce qui ne nous rendait pas plus prétentieux pour tout cela.

Aussi, tout en étant jeunes, et même très jeunes à nos heures, étions-nous aussi des hommes aimant le travail fécond, comprenant toutes les responsabilités de l’avenir et nous y préparant par la culture mutuelle, sans jamais tomber dans l’admiration mutuelle, maladie infectieuse attaquant de préférence les inférieurs et les incapables qui ont besoin de s’exalter entre eux, qui s’en font accroire avec un sérieux désopilant et qui s’imaginent en faire accroire autant au public.

C’est pour cela que nous avions fondé un cénacle, mais un cénacle qui avait des réunions vraies, et non pas des simulacres, des prétextes de réunions, comme cela est arrivé dans tous les essais postérieurs dont j’ai eu connaissance.



Je tenais alors une moitié de maison de garçon. — S’il vous plaît, ne vous voilez pas la figure — Cette maison était juste en face du couvent de la Congrégation, dans une rue étroite, sombre et déserte, qui s’appelait Saint-Jean-Baptiste, et qui a gardé son nom, son étroitesse, sa maigreur et sa