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RÉMINISCENCES

récolte de l’automne, du prix des fourrures, des exploits des rats musqués dans les étangs, du nombre de lièvres pris au collet depuis le commencement de l’hiver, etc., etc., etc. Et il y en avait, il y en avait, et souvent cela recommençait. Les Canadiens d’alors, une fois leurs affaires finies, et ce n’était pas toujours long, leurs affaires, lorsqu’ils se trouvaient réunis, la pipe au bec, autour d’un bon poële, ne pouvaient plus se quitter. Hélas ! Hélas ! Comme tout cela est loin : et comme, lorsque je me reporte vers ces choses passées, je crois revoir en elles des épaves d’une existence antérieure, flottant sur un morceau de planète détaché de la nôtre et emporté à la remorque de quelque planète étrangère, fort embarrassée de savoir où loger ses Canadiens dans l’espace !


III


Pareillement à nos devanciers, nous arrivions, nous, phalange fortement unie, non seulement par la solidarité de principes communs et nettement définis, mais encore par les liens d’une amitié étroite, que le temps n’a fait que resserrer davantage.

Nous étions des compagnons d’étude, de plaisirs… de tout ce que vous voudrez. Mais c’est qu’on étudiait, dans ce temps-