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LES JEUNES BARBARES

Soyez simples. Cela n’exclut ni le coloris, ni l’abondance des images, ni l’éclat du style. Je vous assure que vous pouvez être très simples et très brillants à la fois. Vous ne chercherez plus alors l’effet dans des bouts de phrases tapageurs qui ressemblent à du style comme les coups de baguette des sauvages sur leurs cymbales ressemblent à de la musique d’opéra ; et quand vous aurez acquis les qualités essentielles et fondamentales du style, quand vous serez parvenus simplement à vous discipliner, vous aurez déjà parcouru une étape qui vous dédommagera du facile sacrifice de prétentions aussi ridicules que funestes.



Vous direz peut-être que c’est par trop fort de vous voir de la sorte mis sur les bancs de l’école, quand vous vous croyiez de force à éblouir vos contemporains ? Eh ! mes pauvres amis, vous n’y êtes jamais allés, à l’école ! Quels ont été vos instituteurs ? Quels ont été vos maîtres ? De jeunes ecclésiastiques, fraîchement émoulus des classes de collège, où ils ont reçu l’instruction que l’on sait, et bombardés, du jour au lendemain, professeurs dans n’importe quelle branche des connaissances humaines qu’ils ignorent à peu près également ! Ce sont des produits ordinaires de ces institutions où l’on habitue bien plus notre jeunesse à des exhibitions puériles, dont l’objet principal