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LES JEUNES BARBARES

Oh ! C’est là une question plus sérieuse qu’elle n’en a l’air. Les parasites de la génération actuelle ont tellement infecté notre littérature qu’ils dévorent jusqu’aux germes mêmes, déposés en terre par nos prédécesseurs et cultivés par nous avec tant de soin et d’amour. Il est temps d’arrêter ce fléau ; c’est là un devoir impérieux, si nous voulons mettre notre avenir à l’abri. Nous ne consentirons jamais, non jamais, à laisser outrager sous nos yeux, par de jeunes profanateurs, la plus vivante de nos traditions, la plus aimée de toutes, celle qui résume tout ce que nous sommes, tout ce que nous avons été et ce que nous espérons devenir. Que l’on commette contre notre bien-aimée mère, la langue française, toutes les gamineries, toutes les cruautés puériles même, soit, cela est de tous les temps, et la langue, toujours ancienne et toujours renouvelée, forme impérissable et toujours changeante, ne souffre pas de ces atteintes. Mais qu’on en fasse un objet de dérision, qu’on l’expose au mépris de ses ennemis invétérés, qu’on la déshonore par les plus grossiers abus, c’est ce qu’il faut empêcher sans retard, car elle est en péril imminent et de la main même de ses propres enfants.



Nous dirons à ces « jeunes », qui n’ont aucun souci de nous ni de ce que nous leur avons conservé avec une si vive tendresse