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récits de voyages

comme la bave de quelque immense monstre souterrain, et couvre de son écume furieuse les rochers qui lui résistent, le repoussent et le brisent dans son fougueux élan.

Cette navigation en canal, fastidieuse, coupée d’une douzaine d’écluses, va nous prendre plus de douze heures, après quoi nous atteindrons le rapide du Galop, qui n’est rien en comparaison du précédent, mais qui a l’honneur de clore la série des rapides du Saint-Laurent. Le Galop franchi, nous voguerons enfin librement dans le noble fleuve, jusqu’à ce que nous atteignions Prescott, à trente-huit milles en amont de Cornwall.

Prescott est dans le comté de Grenville et est remarquable par tout ce qui empêche de l’être.

Tout ce que j’en connais, c’est d’y avoir passé, plus d’une fois, des nuits entières à attendre le train du Grand-Tronc ; celui-ci ne faisait jamais autre chose que d’être en retard, à cette époque où il n’y avait pas d’autre moyen de se rendre de Montréal à Ottawa qu’en passant par Prescott,