Page:Buies - Récits de voyages, 1890.djvu/253

Cette page a été validée par deux contributeurs.
258
récits de voyage

gouvernait alors le Canada était le comte de Frontenac, le plus grand nom de tous les vice-rois de la Nouvelle-France. Les colonies américaines, exaspérées de l’audace aventureuse de nos petites expéditions, qui traversaient d’immenses étendues de forêts pour aller porter le deuil et la ruine jusque sur leur territoire, avaient équipé à leurs propres frais une flotte pour assiéger Québec, et levé une armée pour envahir le Canada par terre. L’année était commandée par Winthrop : elle échoua dans sa tentative dès les premiers pas ; la flotte, commandée par sir William Phipps, arriva devant Québec le 16 octobre 1690, en même temps que Frontenac, y ramenait en toute hâte la petite armée avec laquelle il était allé combattre Winthrop. Aussitôt l’amiral anglais crut devoir envoyer un officier porteur d’une sommation de se rendre au comte de Frontenac ; cette sommation ne lui donnait qu’une heure pour faire connaître sa réponse, et exigeait qu’il se rendît à merci.

L’officier anglais, portant un pavillon blanc, était à peine débarqué, qu’on lui mettait un bandeau sur les yeux et qu’on le conduisait au fort, par toute sorte de détours, pour qu’il entendît le