une immense région, absolument différente par son caractère sauvage de toutes celles où nous pénétrons en chemin de fer, va être offerte à la villégiature canadienne, lasse de fréquenter éternellement les mêmes rivages du Saint-Laurent, et d’y attendre tous les jours l’heure bienfaisante de la marée pour prendre des bains. Les familles canadiennes et les Américains vont affluer sur le parcours de cette ligne étrange, construite en pleine forêt et bordée à profusion de lacs qui, tous, regorgent de poisson. Les amateurs de vraie campagne vont pouvoir s’en donner là à cœur-joie, avec abandon, avec volupté, affranchis qu’ils seront de toutes ces contraintes, de toutes ces petites tyrannies sociales auxquelles les assujétissent les stations d’eau fashionables, et, pour goûter ce parfait bonheur d’une villégiature sans mélange, complète, absolue, partout ailleurs irréalisable, ils n’auront qu’à faire deux ou trois heures de chemin de fer, le temps à peine de lire les journaux du jour.
J’ai dit que les lacs qui bordent le parcours de la ligne regorgent de poisson. En effet, ces lacs fournissent chaque semaine à nos marchés plusieurs centaines de livres de truite en plein hiver, et c’est au point que bon nombre de