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à la fois. Mais les directeurs de la Compagnie connaissaient les hommes ; ils savaient qu’il faut souvent encore bien plus se cacher pour faire le bien que pour faire le mal. Les hommes ne nous pardonnent pas de leur faire du bien dont ils ont d’abord commencé par médire, et Dieu sait s’il y en avait eu des médisances sur le compte de la Cie, pendant le premier tiers des travaux, médisances distribuées par ce bon public que l’on dotait d’un chemin de fer, malgré lui et presque à son insu.

Et ce qu’il y avait de plus pénible dans le concert des insinuations malveillantes, c’est qu’elles provenaient surtout des endroits et des gens à qui le chemin de fer allait être le plus profitable. On ne pouvait admettre qu’un sentiment patriotique, une vision claire de l’avenir, en dehors d’un intérêt parfaitement légitime, eussent inspiré avant tout les directeurs de la Compagnie dans leur étonnante entreprise, et l’on était d’autant plus défiant que l’on se croyait davantage indiqué pour être un objet d’exploitation.

Même, alors que le premier tiers des travaux était en voie d’exécution, une compagnie rivale se constituait pour construire un chemin de fer au Lac Saint-Jean, à travers la vallée du Saint-Maurice, ce qui offrait certains avantages et, entre autres, une grande économie dans le coût de l’entreprise, puisqu’on pouvait utiliser tout le parcours navigable du Saint-Maurice, entre les Piles et La Tuque.

Cette compagnie tenta de tous les moyens pour engager la « nôtre » à abandonner ses projets. On lui fit les offres les plus alléchantes. Un jour même, on alla jusqu’à déposer