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québec en 1900

un amour qui m’emporte surtout vers les pays qui ont une physionomie et une nature à eux propres. Mais une fois rendu, ma curiosité devint de l’observation, de l’examen. Je voulus me rendre compte, je questionnai tout le monde et je m’initiai par le détail aux conditions de cette intéressante partie de la province, dont on savait si peu de chose encore.

Alors, en présence même du dénûment qui s’offrait de tous côtés à mes yeux, j’eus comme une vision prophétique d’un avenir qu’on n’aurait jamais pu extraire d’un pareil état de choses, avec des yeux ordinaires, et je consignai cette vision dans un récit, que je fis alors sous forme de chronique :

« Dans la province de Québec, disais-je, il y a l’une à la suite de l’autre trois vallées admirables, vastes, coupées d’innombrables cours d’eau, capables de contenir et de nourrir plusieurs millions d’hommes, séparées l’une de l’autre par un espace relativement insignifiant, et que l’on pourrait aisément réunir si l’homme voulait tant soit peu aider la nature qui a tout préparé d’avance. Ces trois vallées, qui sont celles du Saguenay, du Saint-Maurice et de l’Ottawa, connues et explorées déjà depuis longtemps, n’ont pas encore un chemin non seulement qui les relie entre’elles, mais encore qui leur donne simplement une issue, un débouché vers les grands centres situés dans leurs régions respectives. Combien de temps n’avons-nous pas perdu en disputes oiseuses, en rabâchages et en bêtises dans les journaux, au lieu de travailler à établir et à affermir solidement notre race sur le sol canadien ? »…