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ou pas assez. Vouloir satisfaire un habitant avec du soleil ou de la pluie, c’est vouloir contenter un oppositionniste avec un gouvernement modèle, ou le Nouveau-Monde avec le massacre de tous les libéraux, martyrs de la foi dans quelque contrée sauvage.

Cette année, donc, pour en revenir où nous en étions tout-à-l’heure, la pluie, le vent, le brouillard et la brume se sont disputé le ciel pendant toute la première quinzaine d’août. Les étrangers ont fui, et surtout les jeunes femmes, les jeunes filles, comme des volées d’hirondelles effarées, surprises par l’automne avant que les petits n’aient encore d’ailes. Beaucoup sont restés tout de même, ceux qui ont loué pour la saison, ceux qui ont pris feu et lieu, les mères qui n’ont pas de grandes filles, les pères qui ont des sinécures, et les hardis, les intrépides baigneurs et baigneuses qui se sont fait une loi de prendre un bain tous les jours, quelque temps qu’il fit, quoiqu’il arrivât.

De toutes les places balnéaires, la Malbaie est celle qui a conservé le plus de son public ancien ou nouveau. On ne vit jamais pareille invasion, pas même à Cacouna, le resort autrefois sans rival, où se faisaient des courses, et dont le grand hôtel a compté jusqu’à six cents pensionnaires pendant plusieurs semaines d’un même été. La Malbaie a été littéralement encombrée cette année-ci ; ses hôteliers ont été sur les dents, et ses nombreux caléchiers n’ont pas connu le chômage un seul jour. Commençons donc par