En cette année 1863 les opérations du remorquage furent extrêmement lucratives ; les actions de la compagnie atteignirent vingt-cinq pour cent de prime et le dividende soldé aux actionnaires s’éleva à quarante pour cent. Le capital souscrit avait été de quatre cent mille dollars et déjà il y en avait 291,000 de payés ; notons en passant que M. Julien Chabot, aujourd’hui l’administrateur général de la compagnie, en était dès lors un des directeurs.
Malheureusement, un succès si rapide donna à un certain nombre d’actionnaires la fièvre du gain et l’ambition aveugle des bénéfices démesurés. La compagnie avait fait dès la première année pour $338,590 d’affaires en quelques mois ; il n’en fallait pas plus pour remplir de visions dorées la vie de quelques uns des actionnaires qui, dans l’espoir de réaliser encore plus promptement, ne crurent mieux faire que de vendre leurs parts à 25 pour cent de prime et de construire d’autres remorqueurs. Cette désertion jeta le désarroi dans les rangs de la compagnie qui faillit sombrer et qui, depuis lors jusqu’en 1868, se maintint modestement dans une sphère d’action limitée. En 1866, elle construisit le bateau-à-vapeur Union et lui fit faire deux voyages à Pictou. Cette année, le chiffre de ses affaires s’éleva à $182,791, sous la présidence de M. W. Withall. L’année suivante, sous la présidence de M. A. Joseph, la ligne de Pictou fut abandonnée pour celle du Saguenay que desservit également l’Union. Ainsi, c’est à peine s’il