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Vous n’y résistez pas ? Vous étouffez, vous haletez, vous fondez ?… Le remède est bien simple. Prenez le matin, à 7 heures, un des bateaux de la compagnie du St. Laurent, et faites le tour du Saguenay ; ou bien, arrêtez-vous à Tadoussac, où l’eau est glaciale sous un ciel de feu, où vous tend les bras et sa note un hôtel de premier ordre, où le gouverneur-général abrite sa grandeur, où il y a de la chasse et de la pêche à fatiguer les plus intrépides sportsmen, où viennent tous les ans des Américaines, oh ! mais des Américaines qui n’ont pas froid aux yeux et qui allument les vôtres. Si vous en avez peur, si votre tempérament redoute d’aussi terribles attraits, arrêtez-vous à la Malbaie, la plus pittoresque et la plus poétique des places d’eau, l’Éden du Canada, le rêve du poëte.

Oh ! Malbaie, Malbaie ! séjour de tous les contentements bucoliques ! Peut-on rester à la ville, sous quatre-vingt-dix degrés de chaleur, quand tu existes ? Tout ce que la nature canadienne offre de splendeurs et de charmes divers se trouve rassemblé en toi comme à dessein ; le grand et le pittoresque, les contours gracieux, les lointains bleuâtres, aux lignes à la fois douces et hardies, les collines qui s’étagent sans confusion, les côteaux qui suspendent la vue sans la borner, les bouquets d’arbres qui se groupent en cent endroits sans se gêner les uns les autres, les montagnes qui s’élèvent avec une majesté discrète, et à l’arrière-plan, comme pour ne pas heurter le regard et le laisser errer librement sur l’ensemble merveilleux qui s’offre à lui, tout, dans ce lieu ravissant, témoigne de l’har-