Page:Buies - Petites chroniques pour 1877, 1878.djvu/75

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 39 —

cieux moins sévères, de se sauver de nos frimas pour dire juste, et laissèrent sans vergogne le vaisseau de l’état abandonné de son pilote et de son second, quoique le capitaine, homme peu vaguant de sa nature, restât toujours au timon. Le capitaine, ou, si l’on veut, le chef de cabinet, est un homme qui prend au sérieux la qualité de local propre à son gouvernement, et il trouve que c’est localiser fort peu un gouvernement que de le faire voyager de Québec aux Antilles, même durant les durs mois de janvier, de février et de mars. Mais qu’importe ! nos deux ministres avaient pris, un beau jour, le train de New-York et, de là, le paquebot qui devait les conduire à La Havane, en ayant eu soin au préalable de se munir de lettres de présentation fort aimables que leur avait données le consul d’Espagne à Québec.

Arrivés à Cuba, après avoir fait connaître leurs qualités et remettre les lettres qui allaient faire ouvrir toutes les portes devant eux, quelle ne fut pas leur extrême surprise de voir le capitaine-général de Cuba venir leur faire visite lui-même à leur hôtel, mettre ses voitures à leur disposition et les inviter à dîner avant même qu’ils eussent eu le loisir de lui rendre sa visite ! Il alla en outre jusqu’à passer une revue en leur honneur et se comporta envers eux absolument comme s’ils étaient les premiers personnages d’une grande puissance. Remarquons que le capitaine-général de Cuba est le représentant direct du souverain d’Espagne et qu’il a des pouvoirs joliment