mes amis. Cela est trop vulgaire, et j’entends être au dessus d’une banalité impuissante. Ce dont je me plains, c’est de la chronique elle-même, parce que je lui dois beaucoup, ayant vécu par elle ; je me plains de ce qu’elle a été mon seul refuge, mais en me condamnant à subir le préjugé si commun, si futile et si injuste qui fait de moi un écrivain bon tout au plus à amuser. Ceux-là même qui m’accablent de l’épithète « léger » sont les premiers à me demander des écrits légers. Quiconque, parmi nous, arrive à dérider son lecteur est un homme incapable de toute autre chose. Il semblerait absurde d’attendre de lui les longues études qui font les œuvres durables. Dès lors qu’il a montré des qualités superficielles, toutes les autres lui sont refusées. Et le public ne s’aperçoit pas que c’est lui précisément qui n’est pas sérieux, puisqu’il s’obstine à ne vouloir rien que ce qui l’égaie sans lui apporter aucun fonds.
Quand je parle du public, je fais abstraction de quelques centaines de personnes pour qui l’étude est un attrait et qui n’estiment un livre qu’en autant qu’elles y puisent des connaissances, ou trouvent à y exercer toutes les facultés de leur esprit. Mais ce ne sont pas quelques centaines de personnes qui constituent un public pour l’écrivain. Obligé de se faire au grand nombre de