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lesquelles il arrive en moyenne sept accidents par jour. Vous direz qu’il faut avoir du courage pour calculer jusqu’au nombre des accidents qui peuvent arriver dans une ville, mais cela fait faire tant de progrès à la science ! Vingt-huit milles de nouvelles rues sont ajoutés tous les ans à la brumeuse Babylone et neuf mille maisons de plus s’y dressent au sein des brouillards et de la fumée.

Londres s’accroît de 124 habitants et voit arriver dans son port chaque jour mille bâtiments montés par neuf mille matelots. Elle possède assez de tavernes pour couvrir un espace de soixante-treize milles de long, histoire de se rafraîchir chemin faisant, et 38,000 pochards qui sont amenés annuellement devant le juge de police. Cela est hors de toute proportion avec le reste. Il devrait y avoir à Londres au moins cent mille pochards bien avérés ; mais ce qui peut nous consoler de ce manque d’équilibre dans la statistique, c’est que la grande cité compte, sur ses quatre millions d’âmes, 117,000 malfaiteurs qu’on loge au violon dans le cours de l’année ; voilà, du moins, qui en vaut la peine.

Terminons par le compte fait des gens qui ne suivent aucun culte religieux ; vous ne sauriez vous en faire d’idée ; on reste stupéfait en l’apprenant. Figurez-vous que le nombre s’en élève à un million d’âmes, le quart de toute la population de la ville ! Il parait que ce million, au lieu d’aller dans les églises, le dimanche, se précipite dans les beer-shops, qui restent ouverts à Londres, contrairement à l’exemple que donnent les villes canadiennes.