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intelligent : « Les titres nobiliaires perdent de plus en plus de leur valeur en Europe, se dit-il ; laissons-les porter aux Yankees. » Et voilà comment un noble anglais se venge des fiers démocrates d’Amérique. Il s’empresse de les parer d’un prestige qui n’a presque plus de prix pour lui.


Maintenant, vous allez me permettre d’aligner des chiffres. Cela fait bien de temps à autre dans la chronique ; le lecteur s’habitue ainsi sans s’en douter au calcul et à la réflexion, et, avant d’arriver au bout de mes paragraphes, il est presque un statisticien. Je commence par la ville de Londres, cette énorme capitale qui est un monde en elle-même, un petit univers, un microcosme, comme cela s’appelle. Allons-y.

Londres a 90 milles de tour — celui qui les a mesurés a dû être bien étourdi, sa besogne faite — et quatre millions d’habitants. Elle renferme plus de catholiques que Rome même, plus de juifs que toute la Palestine, plus d’irlandais que Dublin, plus d’écossais qu’Edinbourg, mais bien moins de canadiens que St. Lambert. Il y naît une créature humaine toutes les cinq minutes et il en meurt une toutes les huit minutes ; calculez combien, au bout de la journée, cela fait de naissances excédant les décès, et vous en saurez long. La grande cité anglaise a sept mille milles de rues, dans