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figure de l’histoire, et le peuple qui sait en vénérer le souvenir a droit de ne pas se trouver amoindri par les revers ; il a droit d’espérer en d’autres revanches prochaines, comme en sa délivrance des prétendants, les pires fléaux de tous les peuples.


Je n’essaierai pas d’être original en vous disant que les hommes sont bien les êtres les plus incompréhensibles qu’il y ait au monde, abstraction faite de la femme, bien entendu, de la femme qui est le mystère sous toutes les formes. Vous vous rappelez sans doute le temps où Franklin, délégué des colonies anglaises, se faisait présenter à la cour de France en bas de laine. Aujourd’hui les Américains, qui ont passé quelque temps en Europe, sont précisément les hommes qui se font remarquer par les prétentions aristocratiques les plus mortifiantes pour les égalitaires dont la manie est de regarder les Yankees comme des modèles. Voici M. Pierrepont, ministre des États-Unis à Londres, qui vient de demander au comte Manvers, chef des Pierrepont d’Angleterre, la permission de faire peindre sur sa voiture les armoiries du noble lord. Ce dernier y a gracieusement consenti, disent les journaux. Il y a beaucoup de dédain dans ce gracieusement consenti, si, comme je le crois, le comte Manvers est un homme