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Québec, 7 juin.

Je ne sais pas si vous êtes facile à agacer, vous, mon cher éditeur ; mais pour moi, je le suis, et, entre autres, beaucoup par les dépêches télégraphiques. Je ne connais pas de meilleur instrument pour répandre, non-seulement des nouvelles fausses, mais encore des idées fausses. Joignez à cela l’extrême facilité, l’espèce d’enthousiasme avec lesquels les hommes se portent au préjugé, tandis qu’il est si difficile de leur faire entrer une idée juste dans la tête. Qu’une opinion, quelque mal fondée qu’elle soit, se répande, qu’elle gagne du terrain, il faudra faire dix fois autant de chemin pour la détruire qu’elle en a fait pour se produire. Ainsi, par exemple, il est à peu près convenu que les Turcs persécutent les chrétiens à outrance, qu’ils ne leur laissent pas un instant de paix, qu’ils les empalent avec émulation, et que les russes sont les sauveurs de tous les malheureux. Eh bien ! voilà le correspondant même du Journal des