M. Letellier de St. Just, elle a été toute spontanée, elle est venue la première en quelque sorte, comme pour indiquer d’un trait quelle est la nature de l’homme qui est aujourd’hui à la tête de son pays.
Pourquoi notre gouverneur a-t-il songé avant tout, j’oserai dire, aux gens de lettres ? C’est qu’il est lui-même friand de littérature, c’est que la lecture est une passion pour lui, c’est que les choses de l’esprit ont la première place dans ses préférences, c’est qu’en portant quelque attention aux gens de lettres, il agit par sympathie naturelle, il cède au tempérament. M. Letellier de St. Just a beaucoup lu et sa merveilleuse mémoire est restée intacte, malgré trente années de luttes politiques formidables qui eussent suffi à ébranler les facultés les plus solides. Or, on sait ce que sont les luttes politiques chez nous. S’il y a quelque chose au monde qui puisse anéantir dans un homme le goût des arts, le sentiment de ce qui se rattache au beau, sous une forme quelconque, c’est bien la pratique de ces abominables joutes où l’on trouve souvent devant soi les plus indignes adversaires, où il faut faire face aux hommes les plus ignorants, les plus grossiers et les plus malhonnêtes, et combattre toute espèce de moyens, d’autant mieux mis en jeu qu’ils sont plus déloyaux et plus odieux.
Si le Dante vivait aujourd’hui, il placerait à coup sûr une campagne électorale du Canada dans un des cercles de son enfer, et les plus laids comme les plus tourmentés des condamnés seraient bien certainement les candidats. Quelle atmosphère que celle de la