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encore rien de commencé, si ce n’est qu’une cinquantaine de travailleurs étiques, amaigris par une année de privations, creusent péniblement, pour soixante cents par jour, les fondations de l’édifice où nos Solons canadiens achèveront dans le vingtième siècle de détruire les lois avec la législation.

En revanche, on illumine. Oh ! pour ces choses là, qu’on parle de Québec. Donnez-lui des fêtes, des solennités, des pompes, et Québec est heureux, il est fier ; il jouit, il jubile, il se trémousse et tout son peuple est sur pied. Pauvre enfant qu’un rayon de soleil éblouit, qui se console de sa détresse en un jour de spectacle et de fanfares, qui oublie ses oripeaux au carillon bruyant et joyeux des cloches, laissons-lui ses heures d’ébats. Mais passons outre.

On dit, et c’est très probable, que le Légat Apostolique vient au Canada afin de se rendre compte sur les lieux mêmes de ce que peut bien être cette bête fabuleuse, appelée le Libéralisme canadien, dont la prétendue existence est signalée depuis dix ans par le Nouveau-Monde. Qu’est-ce qu’il apprendra ? Que peut-il apprendre ? Il verra une clique de braillards qui, incapables d’aborder les questions politiques et sociales du jour, de les exposer avec intelligence et de les discuter, passent, leur temps à dénicher partout dans leur pays des foyers d’hérésie qu’ils peuplent de Manichéens et de Vaudois, et qui croient n’avoir rien fait s’ils n’ont pas offert tous les jours à Lucifer quelques âmes rebelles à leur doctrine forcenée. Quand Mgr