pourrait avoir l’impertinent qui ose écrire sans le moindre principe littéraire, sans aucun goût ni guide, sans avoir passé pendant des années sous la férule implacable d’un professeur qui ne souffre ni tache ni faiblesse, sans avoir fait, en un mot, cet apprentissage pénible, mais fécond, qui seul permet de gravir tous les degrés d’un art. Une langue n’est pas un instrument ordinaire, qu’on manie à son gré et dont la présomption enseigne l’usage. C’est une abominable coquette qui fait semblant d’accorder des faveurs à tout le monde et qui surprend tout à coup par quelque noire trahison. Aussi, ne peut-on bien se risquer à l’aborder qu’avec beaucoup de modestie et de défiance, et non pas avec la présomption ridicule d’où naissent tant de ces écrits étranges qui passeraient, partout ailleurs qu’au Canada, pour des phénomènes absolument inexplicables, d’origine et d’espèce ne se rapportant à rien de connu. — Chez nous, « l’Album du Touriste » et d’autres semblables attentats sont tolérés, parce que nous sommes dans un pays où une langue mixte est en voie de formation, et que, par conséquent, nous sommes obligés d’attendre, avalant n’importe quoi dans l’attente.
Nous l’avons dit assez clairement dans tout ce qui précède, et nous le répétons. Beaucoup d’ou-