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abus de nature à troubler l’ordre ou la décence publics. Comment les abus sont-ils constatés ? Par la plainte qu’on en fait ou par le cri général qu’ils soulèvent. Or, quels sont les citoyens paisibles, quelles sont les familles que la vente des liqueurs a troublés le dimanche plus qu’aucun autre jour de la semaine ? Le commerce des liqueurs est mauvais en soi ou il est indifférent : s’il est mauvais, qu’on le supprime tout-à-fait ; s’il est indifférent, en quoi peut-il l’être moins le dimanche qu’un jour quelconque de la semaine ?

En vain l’on voudrait assimiler la vente des liqueurs au verre à celle de toute autre marchandise, on n’y parviendra pas. Ce n’est pas une question de commerce que nous examinons en ce moment ; c’est une simple question de nutrition quotidienne, c’est un besoin qui se renouvelle tous les jours comme tout autre besoin physique, et dont on ne peut prévoir les exigences. On a souvent aussi bien besoin d’un verre de cognac ou de vin qu’on a besoin d’un rosbif ; alors, il vaut autant supprimer les restaurants et les tables d’hôte que les buvettes.

Il y a des abus, dira-t-on. Soit, mais faut-il supprimer une chose, parce qu’elle donne lieu accidentellement à un abus ? N’y a-t-il pas d’autres moyens à employer ? Ne peut-on pas sévir contre les hôteliers qui donnent à boire à ceux qui sont en état d’ivresse ? Et l’abus, dans le cas qui nous occupe, a-t-il jamais été porté si loin qu’il donne lieu à un scandale ou à un trouble public ? Au contraire, les citoyens de