Maintenant, il ne me reste plus grand’chose à dire sur le compte de Rimouski et j’aurais à peu près épuisé mon sujet si l’Intercolonial, dont j’entends le roulement s’approcher de seconde en seconde, ne m’apportait une dernière ressource avant que je ne m’envole avec ma chronique vers la métropole, impatient de revoir des murs et de faire respirer la poussière à mes poumons gonflés des senteurs du varech.[1]
Quelle belle, quelle bonne et excellente voie que celle de l’Intercolonial qui s’étend depuis la Rivière-du-Loup ou Fraserville jusqu’à Halifax ! Son parcours, en ligne droite, est exactement de cinq cent soixante milles. On dit qu’elle est la ligne la mieux faite, la plus complète et la plus solide de toute l’Amérique. Elle n’a pas été construite en effet dans un but de spéculation, ni terminée à la hâte afin de rapporter au plus tôt des bénéfices. Elle a été l’œuvre d’un gouvernement qui avait alors pour objet d’en faire une voie militaire avant tout, sans songer que jamais elle pourrait payer même ses frais. Eh bien ! il est arrivé que, dès la première année, le nombre des passagers et le commerce de fret ont suffi pour combler toutes les dépenses, moins quelques milliers de dollars, sur un montant total de sept cent mille piastres.[2]
- ↑ Ceci était écrit à Rimouski même, l’été dernier.
- ↑ Au mois de novembre dernier, 1877, le coût du transport des passagers sur l’Intercolonial a été de $31,363,95, celui du fret $70,156,77 et des malles $6,033,07, ce qui donne une augmentation de $7,565,61 sur le mois correspondant de 1876. Dans cette dernière année, le transport du fret, durant le mois de novembre, n’avait rapporté que $57,335,95, mais celui des passagers, en revanche, avait donné quatre mille dollars de plus que durant le même mois de 1877.