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l’édification des traducteurs de dépêches, espèce d’hommes de lettres que j’estime beaucoup et qui ne me le rendent guère.



Quelques mois après l’arrivée du seigneur René Lepage était venu se fixer à Rimouski un autre colon, du nom de Pierre St. Laurent. Ces deux hommes ont été chacun la souche de deux familles dont on ne compte plus les membres. Rimouski est peuplé tout entier de St. Laurent et de Lepage, et le grain en est resté bon. Ils n’ont pas l’air de vouloir s’éteindre de sitôt : feu Abraham les reconnaîtrait vite pour des gens de sa race ; on dirait qu’ils ont l’instinct de leur mission patriarcale là où la Providence les a conduits ; toute une famille de Lepage en effet porte des noms de patriarches, et cette famille est si nombreuse que l’Ancien Testament n’a pu lui fournir assez de noms ; il a fallu en emprunter au calendrier moderne, ce qui n’a pas été fait sans répugnance, pour des Lepage surtout, les conservateurs les plus endurcis de la province.

Quant aux St. Laurent, ils le disputent non pas, si l’on veut, aux sables de la mer, mais du moins aux oiseaux du ciel. Il y en a de semés partout, de tous les états et de toutes les conditions. Mon hôtelier, celui-là même qui tient l’hôtel Rimouski, en est un. Je vous le recommande entre tous, d’autant plus que si vous alliez à Rimouski sans indication préliminaire,