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cent manières, qui s’en occupe plus que des grands événements militaires ou politiques, l’écrivain se sent dans l’atmosphère qu’il lui faut pour concevoir et pour produire ; l’écho lui renvoie de toutes parts une immense clameur d’admiration mêlée de critique ; il a frappé l’intelligence et le cœur de millions d’hommes et déjà, en un instant, il s’est répandu partout au dehors, envahissant le monde avec l’idée et sentant la chaleur de toutes les âmes animées de la sienne.

De pareilles conditions attendent-elles l’écrivain canadien et quel mouvement se fait-il autour de sa pensée ? Quel écho trouve-t’il, même dans le public qui le touche de tous les côtés à la fois ? Les libraires et les courtiers de livres vous répondront. Quiconque, parmi ceux qui se font imprimer, n’a pas eu le soin de faire souscrire à son ouvrage longtemps à l’avance, ne trouve pas d’acheteurs. Le public ne vient pas au devant de lui ; donc, il n’a pas besoin de lui ; donc, les lettres ne peuvent être une carrière, même pour les talents supérieurs, parce qu’ils sont appréciés par un trop petit nombre pour pouvoir se frayer une voie et s’assurer l’avenir.

Il n’y a rien de tel qu’une pareille situation pour encourager la médiocrité prétentieuse ou même l’incapacité qui aspire à prendre rang et