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à la fois, jusqu’à ce que tout à coup, en 1838, les habitants de Rimouski deviennent furieux ; quarante-cinq d’entre eux se marient cette année-là et il y a deux cent douze naissances. Il fallut trente-quatre ans pour qu’ils pussent se remettre d’une pareille émotion, et ce n’est qu’en 1830 qu’on voit le chiffre des mariages s’élever à quarante-huit, après être descendu dans l’intervalle jusqu’au chiffre absolument méprisable de dix.

On remarquera aussi, en consultant les registres de la paroisse, que le nombre des décès n’était pas du tout en rapport avec celui des naissances. On mourait peu au siècle dernier ; on meurt peu encore aujourd’hui, proportion gardée ; Rimouski est décidément un endroit où les gens ont la vie dure, autant qu’ils ont le cœur tendre ; c’est pourquoi l’on y comptait en 1870 jusqu’à seize individus mariés depuis plus de cinquante ans et qui étaient encore loin d’être blasés. Une année seulement, en 1830, le nombre des sépultures atteignit un chiffre inouï, effrayant. Cent-sept personnes furent enterrées. C’était probablement en prévision du grand choléra qui devait éclater deux ans plus tard : les gens mouraient d’avance afin d’être sûrs d’y échapper.



Rimouski, nous l’avons remarqué plus haut, a une existence assez ancienne, comparée à celle des autres