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beafsteaks et rutiler l’omelette au lard. Il attend, Rimouski attend, le gouvernement attend.

« Savoir attendre » est une grande force, dit le proverbe ; mais c’est une force qui finit par agacer et par rendre maussade.



Rimouski est un des anciens endroits de la province. La première concession qui en fut faite, par le gouverneur de Brisay au sieur de la Cardonnière, remonte à l’année 1688. Huit ans plus tard, M. de la Cardonnière cédait sa seigneurie à René Lepage de Ste Claire qui, le premier, vint s’y fixer. Il y a donc aujourd’hui près de deux siècles que la première maison de Rimouski fut élevée par son premier habitant, qui était en même temps le seigneur de la place.

Ce n’était pas tout d’avoir une maison et de posséder un domaine de deux lieux de front sur deux lieux de profondeur. Il fallait attirer des censitaires sur ce domaine et y amener des colons qui paieraient un sou de rente par arpent défriché, comme cela se faisait parmi les anciens canadiens. Mais il n’y avait pas d’agence d’émigration à cette époque-là ; nos pères comptaient bien plus sur eux-mêmes que sur les autres ; aussi le sieur René Lepage de Ste Claire se hâta-t’il de donner l’exemple sans retard. Il ne fit ni une ni deux ; il avait pour épouse une de ces