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heures, parce que Rimouski est un chef-lieu d’une nature exceptionnelle, le centre d’approvisionnement d’une immense région qui s’étend jusqu’à la Baie des Chaleurs et à la frontière du Nouveau-Brunswick. C’est là aussi qu’arrêtent, tant que dure la navigation, les paquebots de la ligne Allan et qu’ils prennent la malle de toutes les provinces à destination de l’Europe, en même temps que les passagers venus pour traverser l’Océan. C’est là encore qu’ils stationnent à leur retour pour être visités par l’officier de douane et pour déposer la malle européenne ; ils y laissent aussi les passagers d’outre-mer qui veulent prendre l’Intercolonial et se rendre, soit dans les provinces maritimes, soit dans les provinces supérieures.

À cet effet, il a été construit un petit embranchement de deux milles qui, partant de la ligne de l’Intercolonial, aboutit à l’extrémité du quai de Rimouski, quai prodigieux qui a douze arpents de longueur sur trente pieds à peine de largeur, et qui s’avance dans le fleuve comme une véritable batture. Malgré cette longueur, il était à peu près inutile et il n’aurait jamais servi qu’à immortaliser l’incomparable et l’honorable feu M. François Baby, si le gouvernement fédéral ne lui eût fait ajouter au printemps dernier une aile qui garde à l’abri de tous les vents le petit tender dont la fonction est de porter à bord du paquebot, mouillé au large, la malle et les passagers que lui transmet le chemin de fer.

Or, cette fonction se réduit à deux petites courses