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presque uniforme se répand sur toutes les têtes, parce que la plupart des gens, de toute catégorie et de tout état, ont une culture à peu près égale, des façons et un langage qui rendent les distinctions bien difficiles à établir.

À Rimouski, il n’y a personne, sachant lire, qui ne reçoive un ou plusieurs journaux, chose absolument unique dans toute la province. Le nombre des lettres, reçues et expédiées à son bureau de poste, est plus considérable que celui de toutes les paroisses réunies de la rive sud, sur une longueur de cinquante lieues, si l’on en excepte Lévis et Fraserville. Mais les abonnements se bornent un peu trop exclusivement aux journaux de Québec. On est si loin de Montréal ! et l’intérêt que peut inspirer un journal de la métropole canadienne semble diminuer en raison directe du carré des distances, ce qui ne lui en laisse guère à son arrivée à Rimouski.



Pour être vivant, animé, Rimouski n’a pas besoin d’étrangers ; il se suffit à lui-même. Sa population condensée, active, est très sorteuse ; tout le monde est dehors, ce qui porterait aisément l’étranger à se tromper sur le nombre réel des citoyens. Comme à la Rivière-du-Loup, il y a beaucoup de passants, de gens qui sont obligés pour ainsi dire d’arrêter quelques