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Lorsqu’on découvre tout à coup Kamouraska par un beau coucher de soleil et à mer haute, en arrivant par la longue et ennuyeuse route de St. Paschal, de la station du Grand-Tronc qui est à cinq milles plus loin, il n’y a pas de spectacle plus réjouissant ni plus agréable à contempler. Ce village, bâti comme à l’aventure, sur le bord même du fleuve, sans symétrie aucune, présentant aux rayons du soleil qui s’en va ses toits éclatants de blancheur, ses jardins, ses bosquets et ses touffes d’arbres qui, à cette heure, s’épanouissent dans un bain de lumière, est tout ce qu’on peut imaginer de plus gai et de plus coquet. Puis, lorsqu’on a franchi le village, qu’on arrive à la partie vraiment pittoresque, vraiment belle de Kamouraska, au côteau, appelé la Côte-à-Pincourt, qui s’élève du fleuve en pente douce, sous un manteau de sapins et de verdure, on a devant soi une vue admirable, un panorama immense et heureusement varié par des groupes d’îles qui reposent le regard et arrêtent çà et là la ligne de l’horizon, trop étendue pour être contemplée longtemps sans fatigue.

C’est la Côte-à-Pincourt qui est la promenade par excellence du soir, à l’heure des chuchotements, des gazouillements et des accompagnements, à l’heure des rencontres fortuites auxquelles on a rêvé tout le jour, et qu’on a préparées par mille regards et autant de