leure lettre. Ils n’auraient aucune raison de céder à l’ennui : tous les jours ils peuvent aller à la Malbaie en une heure, ou bien, deux fois par semaine, prendre le Clyde qui les conduira, soit à Kamouraska, à quatre lieues seulement de distance, soit à St. Jean-Port-Joli ou à l’Islet, s’ils veulent faire de petites excursions. Quant aux promenades en voiture, il y a celles de Kamouraska ou de Ste. Anne la Pocatière, qui en valent certainement bien la peine.
Mais je ne dis tout cela qu’au point de vue des renseignements à donner et pour l’édification du lecteur de la ville qui veut un détail complet de toutes nos places d’eau ; mais il reste à peindre le côté le plus piquant, le plus attrayant pour quiconque a fait longue connaissance avec la Pointe-à-l’Orignal, c’est sa physionomie intime, celle que lui ont donnée ses traditions et qu’elle ne dévoile qu’aux anciens amis. Pour tout autre, pour l’étranger par exemple, cette physionomie est muette ou n’existe même pas ; aussi il perd le charme secret de ce lieu rempli d’épisodes fantasques et de demi-mystères ; il en ignore le passé pittoresque plein d’aventures et de joyeux tumulte, quand des amis de dix lieues à la ronde et de la ville même se réunissaient, avec le vieux Bacchus et son compère Silène, pour y consommer les plus homériques festes que la lune ait jamais éclairées de sa pâle et mélancolique figure. Et quels repas pour vingt-cinq à trente convives bourdonnant, piétinant, chantant, dansant, sans cesse altérés, sans cesse se désaltérant, Mme