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elle doutait, d’elle même, se comptant pour si peu de chose, et n’avait pas eu le temps d’acquérir encore cette sérénité imposante qui ne vient qu’avec la perfection, avec la perfection qu’on croit avoir, ni cette certitude de savoir-faire qui rend la présomption prodigieusement féconde. Mais la littérature d’alors, à peine naissante, avait une bien autre vigueur, et surtout une bien autre portée que celle dont nous contemplons l’expansion sous nos yeux. Parmi les hommes qui l’ont illustrée figurent en tête l’historien Garneau et le publiciste Parent : on ne les a pas remplacés encore. Le Canada a eu, depuis, des écrivains plus aimables, mais aucun de leur valeur. M. Chauveau même, malgré son style châtié, sa facilité élégante, l’art qu’il prodigue dans la construction de sa phrase et l’harmonie qu’il lui donne, ne les atteint pas ; il n’a pas une égale hauteur de vues ni une pareille force dans la conception. Ces deux hommes ont laissé une empreinte à leur époque et ils resteront, tandis que nos génies modernes ne tarderont pas à s’étouffer dans les flots de leur admiration mutuelle.

M. Oscar Dunn est à peu près le seul qui, dans des opuscules bien mélangés de dissertation et de style, se soit montré digne de succéder à M. Parent ; mais il semble arrêté presque à chaque page par je ne sais quelle contrainte étrange qui